Qu'est-ce que l'hydrologie régénérative?

Hydrologie : science qui s’intéresse à tous les aspects du cycle de l’eau

Régénérative : qui permet l’amélioration constante d’un ensemble de facteurs environnementaux et sociaux par une approche et un ensemble de mise en œuvre appropriées.

L’Hydrologie Régénérative est la science de la régénération des cycles de l’eau douce par l’aménagement du territoire.

Définition proposée lors des Rencontres de l’Hydrologie Régénérative à Annecy, le 20 octobre 2022

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Plus spécifiquement, l’Hydrologie Régénérative se veut rassembler toutes approches visant à restaurer massivement le cycle de l’eau par l’aménagement de territoires et agroécosystèmes qui cherche à :

Ralentir, Répartir, Infiltrer et Stocker toutes les eaux de pluie et de ruissellement, et
Densifier sa végétation multifonctionnelle, cultivée ou non, pour améliorer leur résilience face à nombre de problématiques liées à l’eau (sécheresses, érosion, canicules, désertification, inondations, fertilité, biodiversité, évolutions climatiques,…)

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L’Hydrologie Régénérative, bien que concept émergent, cherche à réunir, dans un ensemble cohérent, nombre de notions, connaissances scientifiques, savoir-faire et expériences existantes, en les orientant ensemble vers les deux objectifs de la régénération du cycle de l’eau douce et l’aménagement d’agro-écosystèmes et territoires hautement résilients.

Elle est, de fait, à la croisée d’un ensemble de disciplines et leurs dérivées telles que : hydrologie, hydrogéologie, topographie, climatologie, pédologie, agriculture, agronomie, agroécologie, agroforesterie, planification agricole, écologie, climatologie, biologie, cartographie, aménagement du territoire, paysagisme, urbanisme… ainsi qu’un ensemble d’autres qui peuvent y être liées.

Elle s’inspire plus ou moins fortement de diverses approches développées dans le monde, de manière traditionnelle ou contemporaine (liste non exhaustive à compléter) :

  • le Keyline Design® (P.A. Yeomans) et son outil dit de l’Échelle de Permanence, l’approche de la permaculture dans son aspect de design
  • les approches dites de « récolte ou culture de l’eau de pluie » (rainwater harvesting), de « paysage aquatique » (Sepp Holzer),  de Water retention landscape,…
  • les approches de gestion intégrée de l’eau de pluie, d’hydraulique douce, d’aménagement hydrologique des espaces agricoles et bassins versants
  • les méthodes agricoles de gestion de l’érosion dans les reliefs (Culture en contour, en bande, en terrasse,…)
  • toutes les méthodes d’Agriculture de Conservation des Sols, d’agroforesterie et d’agriculture régénérative au sens large
  • les projets de régénération d’écosystèmes, de régénération naturelle assistée et reforestation

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source du paragraphe entier: https://hydrologie-regenerative.fr/

 

Pensez à aller visiter aussi notre base de connaissances pour pousser plus loin votre curiosité.

Ce que nous mettons en place:

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En 2013, après un an d’observation et de reproduction du système en place, un design a été réalisé avec une méthode de réflexion apportée par la permaculture.

La permaculture est aujourd’hui un mot valise, utilisé pour regrouper beaucoup de techniques différentes d’agricultures régénératives. Nous prendrons ici la définition de Bill Mollison, à l’origine de ce mot et de cette définition: « la permaculture est une démarche de conception éthique visant à construire des habitats humains durables en imitant le fonctionnement de la nature. »

Pour en savoir plus sur la permaculture, cliquez ici.

Un premier design a été mis en place, prenant la vieille bergerie du village en compte, prévoyant de mettre nos jardins à cet endroit, ainsi que les poules, canards, oies etc.

Et les choses évoluent, c’est le principe même de la nature. Nous n’avons pas racheté la vieille bergerie, les oies et les poules se sont faites successivement manger par les fouines, renards ou belettes, et  nous n’avons pas pris le temps de faire un jardin potager digne de nous nourrir, car excentré de la ferme et donc peu propice à ce que l’on y passe quotidiennement.

Bref, tout cela est en cours d’évolution mais ce que l’on a mis d’ores et déjà en place aujourd’hui tient en deux mots attachés: KeylineDesign.

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Design 2013

L’impact du réchauffement climatique venant nous toucher de plein fouet ces dernières années, comme partout dans le monde, nous avons adapté encore notre design en fonction de ce nouvel élément.

En effet, nous avions prévu de faire de l’agroforesterie « type savane », c’est à dire espacer des arbres sur nos parcelles pour bénéficier des avantages que peut apporter une telle pratique (biodiversité, ombrage au pied des arbres, parcelles encore facile à travailler mécaniquement…)

Cela s’est révélé une « mauvaise » idée, car à terme les arbres feront concurrence à l’herbe pour la ressource en eau. Nous avons eu la chance d’accueillir Franck Chevalier de Paysages Fertiles, designer en KeylineDesign, qui nous a permis de réaliser un nouveau design de notre ferme. Son analyse nous a fait prendre en considération de nouvelles données qui nous poussent aujourd’hui à entreprendre de morceler nos parcelles afin de créer des haies type brise-vent.

 

Voici l’exemple d’une parcelle que nous avons planté en 2022:

Les vents dominants, qui augmentent l’assèchement les terres arrivent du bas de cette parcelle.

Les haies sont plantées perpendiculairement à ces vents d’une part, et de façon très épaisse afin qu’ils se brisent dessus. Elles sont espacées de 40 m de façon à ce que la retombée de vent après s’être brisée, vienne se briser sur la haie suivante et ainsi de suite.

Ces haies sont aussi perpendiculaires à la pente, et précédées d’une baissière chacune. Les baissières sont des petits canaux en courbe de niveaux,qui récupèrent les eaux de pluie ruisselant le long de la pente. Lorsqu’elle finit dans ces baissières, l’eau s’y trouve piégée et s’infiltre lentement dans le sol plutôt que de continuer à ruisseler.

Les haies ont été plantées avec une alternance de petits, moyens et grands arbres, de différentes essences, parfois des fruitiers et souvent pas, sélectionnés pour résister à -20°, utile chez nous. Cette diversité permet d’une part une meilleure résilience car chacun tient un rôle différent dans sa façon de métaboliser les éléments, d’accueillir des mycorhizes ou encore dans sa profondeur de racines, la nourriture qu’il va apporter aux oiseaux et aux abeilles. Ils se complètent donc pour apporter plus de diversité, plus de vie.

D’autre part, l’ensemble de la canopée qu’ils vont créer sera à plusieurs étages, avec de nombreux coins et recoins, des zones au soleil et d’autres à l’ombre. Cela crée l’été des différences de température et donc des zones de  condensation de l’eau, qui va être piégée dans les feuilles et couler le long du tronc, permettant la réabsorption d’une partie de l’eau qui se serait normalement évaporée.

Pour mieux comprendre ce phénomène vous pouvez aller voir la vidéo d’un de nos compagnon de route Hervé Covès sur les 7 cycles de l’eau.

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Ces haies sont plantées est-ouest, ce qui permet de créer de l’ombre au moment le plus chaud de la journée (lorsque le soleil est plein sud) mais de laisser passer les rayons du soleil matin et soir. L’herbe profite donc de la lumière pour sa photosynthèse, sans brûler par sa chaleur.

De même, la quantité d’arbres crée un petit micro-climat à cet endroit grâce à l’évapotranspiration des arbres, créant de l’humidité rafraîchissant l’air. Nos sols faisant plus de 6 m de profondeur, les racines peuvent plonger profondément pour aller chercher l’eau, permettant qu’il y ait moins d’évapotranspiration que d’eau ramenée à la surface. Il y a donc plus d’eau retenue que d’eau qui s’évapore. Si les sols étaient plus proches de la roche mère, mesurant seulement quelques mètres, l’effet serait inverse et planter des arbres pourrait s’avérer pire que mieux.

Nous profitons de préparer les sols pour cette opération, pour l’amender en compost offert par nos animaux, qui va nourrir le sol et les vers de terre, ainsi qu’en broyat (bois déchiqueté que nous préparons lorsque nous entretenons nos haies) afin de donner de la structure au sol très argileux et de lui permettre encore une fois d’être nourri. Nous ajoutons ensuite du carton (récupéré à nos amis et voisins prestataires évènementiel en toilettes sèches: les Gandousiers, utilisant un carton avec de la colle naturelle pour les fabriquer) dont les vers de terre raffolent et qui permet de protéger les jeunes arbres de la concurrence avec les mauvaises herbes pendant les premières années. Avant cela, nous trempons les racines de nos arbres dans du pralin que nous préparons à l’aide de boue, de lombricompost et d’inoculum.

Nous ajoutons par dessus 20 cm encore de broyat ou de paille, qui va permettre de garder l’humidité, éviter l’enherbement et nourrir le sol, encore.

Ceci est un exemple parmi les nombreuses choses que nous mettons en place pour une meilleure régénération des sols et de l’eau sur notre territoire. Nous pourrions y rajouter l’entretien des haies fourragères, la façon dont nous utilisons la ressource en bois autour de chez nous, les méthodes de pâturage, l’utilisation du charbon actif etc.

Seule une approche holistique et une remise en question permanente permet de pouvoir tendre vers une meilleure résilience. C’est ce que nous essayons de faire ici, à Montlahuc.

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